
© Boris Lefevre : Copyright 2021
En plus de quarante ans, le Grand Prix d’Architecture organisé par l’Académie des beaux-arts a su s’imposer comme une véritable institution, révélant, au fil des années, de jeunes talents à l’avenir prometteur. 93 projets ont été évalués lors de la dernière édition de l’événement, qui a décerné la récompense ultime à Boris Lefevre pour son projet humanitaire « Cerro de Pasco ».
Ils étaient 93 à l’origine, puis 17 lors de la seconde phase, et finalement 4 à se distinguer lors du Grand Prix d’Architecture 2016 de l’Académie des beaux-arts. « Ils », ce sont des architectes âgés de moins de 35 ans, fraichement diplômés d’une école national d’architecture française, de l’ESA (École spéciale d’architecture) ou de l’INSA de Strasbourg (Institut national des sciences appliquées).
Parmi les 17 projets finalistes, c’est celui de Boris Lefevre, « Cerro de Pasco » qui a su convaincre le jury de sa pertinence en imaginant une ville du « vivre ensemble ». Car à Cerro de Pasco, c’est une mine particulièrement polluante qui consomme 80% de l’eau disponible, ne laissant aucune ressource aux habitants pour boire ou se laver.
« Entre station d’épuration et bains publics, le projet est une ville dans la ville. L’architecture y est un medium. En puisant dans le vocabulaire dans le vocabulaire formel de Cerro de Pasco, elle propose un autre modèle de ville. Un lieu où l’industrie, forme élémentaire de la société productiviste, n’y détruirait pas la ville, mais lui servirait de support pour se développer », explique Boris Lefevre.
L’architecture comme vecteur de valeur ajoutée
À 10 000 km de la cité minière d’Amérique latine, c’est à Paris que Marie-Sarah Burckel a tenté de donner une nouvelle vie à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Dans ce projet de fin d’études, qui lui a valu la seconde place, « les « nouveaux » bâtiments ne sont autres que l’empreinte d’un existant obsolète mais symbolique, dans un nouveau volume offrant une large possibilité d’aménagements. La trace du bâtiment ancien dans le lieu, matérialise l’existence passée du bâtiment qui, dès lors, existe par le vide », indique la jeune architecte. « Ce projet s’inscrit dans une tradition hospitalière au sens large, dans une démarche d’ouverture du lieu symbolique (agora) et architecturale (en désenclavant le site) : un processus de construction comme réponse à la mutation des villes-patrimoine ».
Arrivé 3ème ex-aequo, Luc Marguerite a, de son côté, imaginé un programme mixte mêlant un centre de secours, un centre de la petite enfance et 25 logements au cœur du XIXe arrondissement de la capitale. « La complexité induite par le programme génère une mixité de fonctions appréhendée à travers l’approche architecturale et urbaine du projet, raconte-t-il. Parallèlement, lors du développement du projet, la question de l’implantation d’un équipement militaire en milieu urbain fut appréhendée à travers la problématique : « Quelle évolution et quelle image pour le centre de secours de demain ? ». »
Enfin, le « projet à la croisée des Causses » proposé par Meryl Carrière a, lui aussi, reçu les félicitations du jury, se hissant à la troisième place. Ce programme innovant propose de répondre aux « problématiques socioculturelles » que rencontre un village du Tarn, Saint-Énimie. « Le projet s’articule autour d’un parcours continu qui circule entre l’ancien et le nouveau village en trait d’union entre les bâtiments et les différents départs de randonnées vers le causse. Le cheminement proposé favoriser la circulation du piéton tout en offrant de nouveaux points de vue sur Saint-Énimie », révèle l’architecte.
Au total, 33 000 euros de dotations financières ont été attribués aux heureux lauréats du concours, de quoi donner une impulsion non-négligeable à leurs jeunes carrières.
F.C